Voyage au Congo. Le retour du Tchad. Retour de l'URSS. Retouches à mon "Retour de l'URSS". Carnets d'Egypte / André Gide

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Gide, André (1869-1951). Auteur

Edité par Gallimard. [Paris] - 1992

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  • Précieux témoignage du colonialisme sous la IIIe République 5/5

    Alors qu'il est mandaté par le ministre des colonies en 1925, l'écrivain André Gide tient un journal de bord de son voyage au Congo et de son retour du Tchad, qu'il publie 2 ans plus tard. Bien qu'il y reste cnovaincu des bienfaits et même de la nécessité du colonialisme, cet auteur reste également un homme particulièrement sensible aux autres. C'est alors qu'il découvre avec stupeur le manque de moyens de l'administration française dans ce "cendrillon" des colonies françaises. Délaissé pour de multiples raisons, le Moyen-Congo manque de fonctionnaires pour gérer, organiser, superviser et contrôler ce vaste territoire encore grandement vierge. André Gide rencontre parfois des administrateurs soit trop jeunes et trop brutaux par leur ignorance des cultures, d'autres fois des administrateurs cédant allégrement à la corruption et basculant ainsi dans la barbarie. C'est ainsi qu'il met à jour, involontairement car finalement simple touriste, un scandale qui fera grand bruit à son retour en France. Il se met d'ailleurs à dos les grandes entreprises concessionnaires, qu'il critique ouvertement - preuves à l'appui - de leur cupidité, de la maltraitance de leurs ouvriers indigènes, de leurs mensonges quant au système colonialiste. "Notre charité envers l'humanité souffrante ne doit pas aller jusqu'à prendre de paisibles moulins à vent pour de méchants géants" répond dans une lettre le représentant de la Compagnie Forestière, M. Weber, que l'on peut lire dans les très intéresants appendices de ces carnets de voyage. On peut y lire les échanges de Gide avec de hautes personalités politiques, tel le député Léon Blum, ses articles dans Le Populaire (dont Léon Blum est le rédacteur en chef), ainsi que les défenses de l'entreprise incriminée (le lecteur ne serait être dupe). André Gide, accompagné du cinéaste Marc Alegret, s'émeut des cultures et des indigènes, autant qu'il se montre émerveillé de la nature, des insectes particulièrement. Bien qu'ayant à coeur le bon traitement des indigènes, les trouvant admirables lorsqu'ils travaillent durs sans se plaindre, et manifestant un profond respect pour les chefs de villages et les sultans locaux, Gide l'humaniste reste un homme de son temps : il garde une conception raciste, exaspéré par la lente capacité d'apprentissage des peuples qu'il rencontre, de leur mauvaise gestion de biens personnels et de leurs loisirs bruyants. Les parties de chasse sont également des passages peu agréables pour le lecteur contemporain. Si le début du voyage semble long, Gide ne sachant pas bien encore pourquoi il entreprend ce oyage en Afrique équiatoriale française, il découvre qu'il doit se faire la voix des injustices et des maltraitances parfois meurtrières d'un régime capitaliste outrepassant les règles de l'administration, elle-même déconnectée des réalités du terrain. Le lecteur se laisse porter par le rythme tout particulier du carnet de voyage, qui alterne entre courts récits d'une route inintéressante, à des aventures et des découvertes haletantes. André Gide se refuse à tout lyrisme dans ses descriptions et pourtant, au fur et à mesure que son voyage prend du sens, sa plume s'épanouit et partage d'un style délicieux ses propres émerveillements. Ces deux carnets de voyage, qui ne font presque qu'un, est un précieux témoignage d'une époque clef du colonialisme : alors qu'il connait son apogée sous la IIIème République, les voix qui la critique commencent à s'élever en même temps que le rêve d'une lutte internationale des ouvriers semble porter du fruit en U.R.S.S., encourageant les véléités des idéalistes européens...

    Emmanuel - Le 30 mai 2023 à 07:42