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Climat : mon cerveau fait l'autruche
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Pourquoi, en dépit de l'imminence de la catastrophe climatique, ne parvenons-nous pas à changer nos modes de vie ? Y a-t-il une explication scientifique à cette inertie ? Réponse dans cette riche enquête qui révèle les surprenants réflexes du cerveau humain.
"Devant le danger, nous avons tendance à mettre la tête dans le sable" : telle est la conclusion de Tali Sharot, neuroscientifique, concernant la manière dont le cerveau humain appréhende le réchauffement climatique. Bien qu’une réelle prise de conscience des populations soit en cours – la multiplication des catastrophes naturelles et des records de chaleur aidant –, les activités humaines responsables du phénomène restent peu ou prou inchangées, comme si la menace était irréelle ou trop éloignée. Cet immobilisme collectif pourrait trouver son origine dans nos cerveaux.
Nombre de biais cognitifs entravent en effet notre jugement : celui de l’optimisme, qui nous conduit à minimiser l’impact négatif d’un événement ; celui de la culture, selon lequel l’humain, au-dessus de la nature, sera toujours sauvé par le progrès technologique ; ou encore celui de la "confirmation". "Notre cerveau s’intéresse aux informations qui confirment sa vision du monde, pas à celles qui la contredisent", résume Andreas Kappes, psychologue en sciences cognitives. Ce dernier réflexe cérébral favorise la polarisation des opinions, aujourd’hui renforcée par les algorithmes des réseaux sociaux qui, en proposant des contenus liés aux préférences de leurs utilisateurs, les enferment dans une "bulle de filtres".
À ces mécanismes bien peu rationnels s’ajoute le phénomène psychosocial dit "effet spectateur" : plus nous sommes nombreux à pouvoir intervenir en cas de danger, plus nous nous sentons autorisés à ne rien faire, en rejetant la responsabilité sur les autres...
Nos habitudes contemporaines de consommation, ancrées dans les couches profondes de nos cerveaux et encouragées par le circuit de la récompense, constituent un frein supplémentaire à l’action.
Sous influences
Pour tenter d’expliquer l’inertie générale face à l’urgence climatique, "Climat : mon cerveau fait l’autruche" – réalisé sans qu’aucun membre de l’équipe prenne l’avion – convoque une dizaine de chercheurs de disciplines variées, des neurosciences à la philosophie en passant par la psychologie et la sociologie. Cette enquête scientifique met leurs travaux à notre portée sous forme d’animations éclairantes en recréant plusieurs expériences qui dévoilent le fonctionnement du cerveau humain. Elle fait également le lien entre certains mécanismes psychiques et l’éventail des réactions suscitées par la vaccination contre le Covid-19 pour interroger la pratique du "nudge" – littéralement "coup de coude" –, un ensemble de techniques visant à influencer les comportements sans coercition. Si l'usage qu'en ont fait les gouvernements durant la pandémie a provoqué la controverse, il pourrait contribuer à inverser la tendance.