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Femmes afghanes, la prison à visage découvert
Vidéo numérique
En Afghanistan, beaucoup de femmes fuient leur domicile avec leurs enfants pour échapper à la violence domestique ou à un mariage forcé. Certaines, les moins chanceuses, se font arrêter avant d’avoir pu se réfugier dans un centre pour femmes. Quitter son foyer est considéré comme un "crime moral" passible de seize ans d'emprisonnement. En comparaison, pour un meurtre, la peine se limite à six ans maximum. Dans la prison de Takhâr, au nord de Kaboul, sont enfermés 500 hommes ainsi que 40 femmes et leurs trente-quatre enfants, isolés dans un bâtiment composé de quatre cellules…
Âpres négociations
Enfermées depuis plusieurs années, Sara, Sima et Nadjibeh nourrissent ce documentaire de leurs témoignages poignants. Débarrassées de la burqa une fois emprisonnées, ces femmes retrouvent leur voix. Sara a été arrêtée pour avoir refusé un mariage forcé et préféré rester avec l'homme qu'elle aimait, incarcéré lui aussi désormais. Sima a été condamnée à quinze ans de prison pour avoir fui la violence de son mari. Enfin, Nadjibeh, qui, elle aussi, a quitté un mari brutal, a fini par vendre son enfant faute de pouvoir le nourrir dans cette prison. Ces femmes savent qu'en liberté, elles risqueraient de se faire torturer voire tuer par la famille du mari. Sans foyer, elles ne sauraient pas non plus où aller avec leurs enfants. Plusieurs fois récompensé et sélectionné aux Emmy Awards 2014, ce film explore la façon dont les "crimes moraux" servent à contrôler les femmes dans l’Afghanistan post-Talibans. Tous les protagonistes que l'on croise dans cette prison, des gardiens aux visiteurs, ont aussi droit à la parole. Les réalisateurs, deux Suédois d'origine iranienne, ont réussi à planter leur caméra dans la prison de Takhâr après d’âpres négociations avec les responsables de l'établissement.