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Nuremberg : des images pour l'histoire
Vidéo numérique
L'histoire méconnue des archives réunies en 1945 pour prouver les crimes des dignitaires nazis jugés à Nuremberg. Jean-Christophe Klotz signe un récit puissant sur la force et la fragilité des images.
À l'été 1945, les autorités américaines chargent deux jeunes soldats, Budd et Stuart Schulberg, de rassembler des preuves visuelles attestant des crimes nazis, en vue du procès contre vingt-quatre dignitaires du IIIe Reich qui se prépare à Nuremberg. Fils d'un producteur éminent, déjà rompus aux métiers du cinéma, ils doivent (sous l'égide du cinéaste John Ford, chef de l'Office of Strategic Services, OSS) étayer l'accusation du procureur en chef Robert Jackson. En quatre mois d'enquête à haut risque à travers l'Europe dévastée, les Schulberg parviennent à sauver de la destruction des centaines d'heures d'images, en grande partie réalisées par les nazis. Leur équipe de montage travaille ensuite sans relâche pour achever avant l'ouverture du procès, le 21 novembre 1945, des films exposant les atrocités perpétrées après la prise du pouvoir par Hitler, des premiers pogroms au système concentrationnaire, et leur caractère prémédité. Sans l'aide de son frère, qui a repris son travail de scénariste aux États-Unis, Stuart Schulberg est chargé ensuite, parallèlement au Soviétique Roman Karmen, de filmer les grandes étapes de la procédure, une première dans l'histoire de la justice. On ne les laisse tourner que trente-cinq heures de rushes sur plus de dix mois d'audiences, mais les enregistrements sonores de l'intégralité des débats permettront à Stuart de réaliser Nuremberg: its Lesson for Today, documentaire que les autorités américaines, face aux urgences de la guerre froide, décideront finalement d'enterrer en 1948.
Un rôle crucial
Grâce notamment au riche fonds d'archives familiales rassemblé par Sandra Schulberg, la fille de Stuart, qui a également mené à bien la restauration du film oublié de son père, Jean-Christophe Klotz (Kigali, des images contre un massacre, John Ford – L'homme qui inventa l'Amérique) retrace en détail cette mission méconnue. Entremêlant petite et grande histoire, il met en lumière le rôle crucial qu’elle a joué non seulement à Nuremberg, mais aussi dans notre représentation collective de la Shoah et du nazisme. Placées au centre d'un procès qui a jeté les bases du droit international, ces images terribles éclairent les enjeux historiques d'un jour nouveau.