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Buenos Aires n'existe pas / Benoît Coquil
Livre
Edité par Flammarion. Paris - 2021
Le 9 septembre 1918, le jeune Marcel Duchamp débarque à Buenos Aires. Il y passe neuf mois, travaillant en pointillé sur son Grand Verre et jouant aux échecs jour et nuit. Consacré à ce blanc biographique, ce récit imagine les rendez-vous manqués de l'artiste avec quelques-unes des plus grandes figures argentines de l'époque, dont Jorge Luis Borges. Premier roman.
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Robinsonnade à la manière de Duchamp
Marcel Duchamp avait le génie de s'intéresser à ce qui n'est pas intéressant. En imaginant ses quelques mois passés à Buenos Aires, Benoît Coquil permet de découvrir l'artiste français à la manière de Duchamp : cette parenthèse temporelle est méconnue, presque pas du tout documentée, et donc vraisemblablement dénuée de tout intérêt. Alors le lecteur peut se sentir troublé. Duchamp aurait pu y faire des rencontres marquantes, que l'auteur ose rêver. Mais non, Duchamp se contente de l'oubli et de la solitude qu'il cherchait. Détaché des événements de ce début de XXe siècle, tel un spectateur distant et distrait de l'Histoire, le lecteur finit par se laisser porter par le rythme sans mesure et sans battue à la manière de Duchamp. Si l'Europe endeuillée se distingue vaguement en fond, ou si quelques émeutes argentines perturbent à peine et brièvement la lourde tranquilité, on découvre de manière insolite Buenos Aires. Sans le vouloir, on perçoit l'effervescence artistique à venir. A la lecture de ce premier roman de Benoît Coquil, se perd un peu dans le temps, dans la chronologie de ces quelques mois, dans l'espace mystérieux aux abords de la pampa... et on finit par se laisser séduire par les subtiles images et jeux de mots, comme Duchamp jouait subtilement des objets, des peintures, des chiffres et des mots mêmes.
Emmanuel - Le 13 juin 2022 à 16:32